Zoo City, Lauren Beukes, 2010, 336 pages.
Imaginez un monde où la plupart des criminels se verraient assigner un animal. L'animalé et son animal sont totalement liés, jusque dans la mort : si l'un succombe, l'autre aussi. Mais cette liaison peut aussi créer quelques avantages et développer des compétences spécifiques. Ainsi, si Zinzi doit se trimbaler en permanence un paresseux, elle a aussi la faculté de retrouver les objets perdus.
L'intérêt principal de ce livre, c'est la plongée dans ce Johannesburg piteux, où les bas quartiers sont devenus cette "Zoo City", où les animalés font la loi et où il ne fait pas bon mettre le nez dehors. Un Johannesburg imaginaire, un peu magique, et pourtant pas si loin d'une certaine réalité.
Zoo City c'est aussi cette sensation typiquement africaine, un poil cliché, de ce mélange entre technologie balbutiante, rebut du reste du monde, et cette magie des anciens, la muti des chamanes. Ce cadre fort, qui navigue continuellement entre réalité et imaginaire, est la vraie force de ce roman.
L'histoire, l'autre histoire tant la plongée dans Johannesburg en est déjà une, prend rapidement des tournures de polar dans le monde de la musique. Un peu déroutant, parfois presque inintéressant, ce n'est pas ce qu'on retiendra du livre, même si le dénouement offre un choc bienvenu et une conclusion à l'image de l'ensemble : déstabilisant mais fort.
Zoo City est un livre plutôt dense dans le foisonnement d'idées et de thèmes à l'oeuvre. Pourtant, bien que la plongée dans l'univers soit abrupte, la compréhension se fait rapidement et en douceur. Si tout n'est peut-être pas parfait, Zoo City fait tout de même très bonne figure sur l'ensemble. Surtout, il est assurément différent, particulier, risqué. Et cela, on ne peut que le souligner et l'apprécier.
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