Le Retour, Bruno Duhamel, 2017, 92 planches
Artiste contemporain ayant fait carrière à New-York, Cristóbal trouve la mort dans un accident de voiture. L'enquête d'un inspecteur de police permettra de découvrir le parcours de cet homme revenu sur son île natale pour la transformer en gigantesque oeuvre d'art et empêcher ainsi l'invasion du tourisme balnéaire de masse.
Les chemins pavés de nobles intentions sont fleuris de mauvaises herbes. Tel pourrait presque être le dicton mis en scène par Duhamel, l'excellent Duhamel (#NouveauContact_, Jamais), avec - je cite le préambule de l'auteur - ce "duel entre conviction et pragmatisme".
Pour cela, l'auteur s'inspire très librement de la vie de César Manrique, artiste ayant changé la face de l'île de Lanzarote. Mais plutôt que de proposer une biographie, Duhamel prend cette idée de base d'un homme cherchant à préserver son île et la pousse plus loin pour proposer une réflexion sur l'art mais surtout sur le combat entre les intentions et la réalité et sur l'évolution des idéaux.
Intéressant et prenant. Bien, comme toujours avec Duhamel.
Quelques planches ici.
L'Homme qui tua Chris Kyle, Fabien Nury et Brüno, 2020, 154 planches
Chris Kyle est le sniper le plus prolifique de l'histoire américaine, avec 160 tués "confirmés" lors de la guerre en Irak. Surnommé "La Légende", héros national des USA, il fit l'objet d'un film en 2015,
American Sniper (réalisé par Clint Eastwood), adapté de son autobiographie. Un film qui lui sera posthume puisqu'il meurt en 2013, abattu par Eddie Ray Routh, un ancien marine souffrant de stress post-traumatique.
L'Homme qui tua Chris Kyle raconte tout ça et bien plus. C'est autant l'histoire de Chris Kyle que celle d'Eddie Ray Routh ou de Taya Renae Kyle, la veuve de Chris. C'est l'histoire d'une
légende, littéralement, et de comment elle se crée, se diffuse et se propage. C'est la démonstration d'un pays si particulier, les États-Unis. C'est un véritable documentaire nourrit de faits, exposés de manière clinique - mais ce n'est pas froid pour autant. Le dessin - le si particulier mais excellent dessin - de Brüno est parfait pour l'exercice, clinique lui aussi, contribuant à la "neutralité" qui entoure le récit, mais une neutralité ayant du caractère.
L'Homme qui tua Chris Kyle n'est peut-être pas le grand coup de coeur que j'attendais, mais c'est malgré tout une très bonne BD, dans la veine habituelle du binôme Nury/Brüno. Pour plus de détails, Gromovar a déjà tout dit
ici. Une BD précise et efficace. Clinique.