samedi 26 mai 2018

Bulles de feu #7 - Les Rois Forgerons

Les Rois Forgerons, Série complète en 2 tomes, Nicolas Jarry et Tregis, 2011-2013, 46 et 52 planches.

Vous prendrez bien un peu de fantasy classique ?
Non, ne fuyez pas ! N'ayez pas peur de ces deux mots : fantasy classique. Car comment pourrait-il y avoir des choses qui sortent de l'ordinaire s'il n'y avait pas d'ordinaire ? Reste encore à savoir faire de l'ordinaire de qualité, chose bien trop rare. Et puis, mieux vaut du très bon ordinaire que du moyen différent.

Les Rois Forgerons en est la preuve. En suivant un schéma assez classique qui reprend les éléments habituelles de la fantasy, Jarry et Tregis nous offrent une oeuvre qui fonctionnent du début à la fin, sans temps mort et sans ennui, en allant à l'essentiel et s'en nous donner l'envie de baffer les personnages - ce qui est assez rare dans le genre pour être souligné. Pour ne pas être dithyrambique, notons que le titre n'est peut-être pas des mieux choisis puisqu'il ne représente pas vraiment la lecture. Mais à part ça... Ça fonctionne, c'est plaisant à lire, alors pourquoi se priver d'un peu de fantasy classique ?

mercredi 23 mai 2018

Bulles de feu #6 - Des tomes en vrac !

 
 Jirô Taniguchi, Les Gardiens du Louvre, 2014, 130 planches.


C'est du Jirô Taniguchi, c'est donc joli. Mais même si ça se lit bien, l'histoire n'est pas passionnante. "Simple" visite du Louvre, sous différents angles et avec toujours un brin de fantastique, c'est certainement bien plus intéressant si on est passionné par le sujet.
On notera quand même une très bonne partie sur la seconde guerre mondiale. Mais ça n'en fait pas une lecture indispensable.


Dernières migrations, Le Grand Mort tome 7/?, Régis Loisel, Jean-Blaise Djian et Vincent Mallié, 2017, 58 planches.

Je ne sais déjà pas trop comment j'en suis arrivé à ce septième tome, mais je crois bien que je vais devoir arrêter avant que les auteurs ne le décident pour moi. Un résumé de ce tome ? Rien. Il ne se passe rien, ça n'avance pas. Je suis vraiment incapable de dire à quoi sert ce tome.

Comment faire fortune en juin 40, Fabien Nury, Xavier Dorison et Laurent Astier, 2015, 112 planches.

Adapté d'un roman de Pierre Siniac, il n'est pas étonnant que Comment faire fortune en juin 40 ait été rédigé à l'origine comme un scénario de film tant on a l'impression de lire un film (aussi étrange que cette phrase soit). 
Le pitch : une bande de personnages détonnants cherchent à voler un convoi de 2 tonnes d'or que la Banque de France tient à mettre en sécurité à Bordeaux. Et si vous n'êtes pas allergique au genre, c'est tout bon, avec son lot d'actions et de surprises (pas toutes joyeuses, loin de là). Un bon divertissement.

Ils ont fait l'histoire, Mao Zedong et Saladin, 2016 et 2015, 46 et 46 planches.

Découverte pour moi de la collection "Ils ont fait l'Histoire", énième collection dédiée à l'Histoire, ici axée sur des personnages historiques, retraçant leurs vies et agrémentée de postfaces d'universitaires. Pour ne pas faire les choses simplement, j'ai lu deux tomes de personnages non-européens dont je ne maitrisais pas vraiment le cadre historique, cela participe peut-être, surement, de mon avis un poil négatif, étant donné qu'il était compliqué pour moi de me situer.
Mais au-delà de ça, l'angle choisi pour Mao est étonnant (dans le mauvais sens du terme malheureusement) et la chronologie non linéaire vraiment ardue à suivre et peu utile. C'est simple : j'ai préféré lire la postface que la bd en elle-même. Quant à Saladin, c'est une lecture correcte sans être plus enthousiasmante que ça.
Une collection à réserver aux férus d'Histoire pour l'apport de chercheurs et d'universitaires.

La Magicienne, Les Vieux Fourneaux tome 4/?, Wilfrid Lupano et Paul Cauuet, 2017, 54 planches.

Une série qui vieillit aussi bien que ses personnages ! C'est du tout bon, peut-être même meilleur que les tomes précédents : un bon mélange de préoccupations d'actualité et de généralités, par la plume acérée de Lupano et porté par le bon dessin de Cauuet, dans un tome où on en a à se mettre sous la dent. Chapeau !

dimanche 20 mai 2018

Bulles de feu #5 - En quatre tomes

Le chiffre 4 serait-il maudit ? Car si les trois quadrilogies suivantes ont des qualités, aucune n'atteint un vrai sommet de perfection. Pire : on se retrouve même déçu de leurs potentiels non-utilisés.
Spoiler Alert : Lupano s'en sort mieux que les autres, évidemment.

Le Soufflevent, Andoryss et Xavier Collette, 2014-2017, 45/46/46/46 planches.

Le Soufflevent, c'est avant tout un bon point de départ : dans un monde typé fantasy, une jeune fille (et son chat ailé !) cherche à échapper à des militaires qui souhaite lui prendre la création de son père, le soufflevent, étrange "chose" qui contrôlerait le pouvoir des vents. Le tout promet de l'aventure et du voyage, surtout si on en croit la carte présente au début de chaque volume et les différents titres des tomes. Mais...

Mais ça ne décolle jamais. L'aventure et le voyage sont limités à leur minimum, et le plus souvent entre les tomes, dans des parties que l'on ne voit pas. J'ai vraiment eu l'impression de lire toutes les moments inintéressants de l'histoire, les parties figées. Et en parlant de "figer", si le dessin est plutôt joli, je l'ai trouvé trop statique à mon goût.

Dommage, ça aurait pu être bien.

L'Expert, Frank Giroud et Brada, 2003-2007, 46/46/46/54 planches.

L'Expert nous propose une enquête historico-religieuse, entre la Lithuanie du XVème siècle et notre époque. Dis comme ça, ça peut faire peur, mais c'est intéressant et l'aspect complot religieux n'est que peu présent. Il faut certes mieux aimer le genre, mais ça se lit bien.

Sauf que ça part un peu en cacahuètes dans le dernier tome. Bon, s'il n'y avait que ça, on aurait pu le mettre sur le compte de la collection et s'en accommoder. Ce qui passe moins, c'est les innombrables récapitulatifs et ré-explications : j'apprécie qu'on veuille bien poser les choses pour que tout le monde ait compris, mais trop c'est trop. Dois-je considérer qu'on me prend pour un parfait idiot ?

Ça aurait pu faire une bonne trilogie, ça n'est qu'une quadrilogie un peu décevante. Et si jamais vous le lisez un jour, prévenez moi si dans votre quatrième tome la Lada verte annoncée dans une bulle est bien verte. Parce que chez moi, elle était rouge...

L'Assassin qu'elle mérite, Wilfrid Lupano et Yannick Corboz, 2010-2016, 54/56/54/46 planches.
« C'est ça qu'il faudrait faire : créer de toutes pièces un ennemi de la société à partir d'un être innocent ! (...) voilà qui serait une œuvre d'art subversive et véritablement décadente. Donner à cette odieuse société l'assassin qu'elle mérite ! »
C'est le point de départ de ce drame, car il n'y a pas d'autres mots pour qualifier cette histoire, où un riche rentier se joue d'un jeune homme pauvre et honnête. Et c'en est quasi-hypnotisant.

Le seul écueil de L'Assassin qu'elle mérite, qui est plus un double diptyque qu'une vraie quadrilogie, c'est de ne pas répondre exactement à sa promesse de départ : si les deux premiers tomes, qui se déroulent à Vienne, ont une réflexion sociétale, les deux derniers, qui se déroulent à Paris, se concentrent bien plus sur le microcosme des nos personnages principaux. Et c'en est un poil décevant, tant on aurait voulu en voir plus, avec une histoire encore plus impressionnante. La mise en garde se situait peut-être dans le titre de l'oeuvre...

Si la déception peut pointer le bout de son nez, L'Assassin qu'elle mérite reste une belle oeuvre, avec un scénario précis à la Lupano et un beau dessin de Corboz. Attention cela dit, ce n'est pas joyeux. Quant à la morale... Quelle morale ?

jeudi 17 mai 2018

Clifford D. Simak - Voisins d'ailleurs

Voisins d'ailleurs, Cliffod D. Simak, 1953-1980, 397 pages.

Voisins d'ailleurs est un recueil de 9 nouvelles. Ou plutôt 8 + 1 tant la dernière nouvelle, Le Puits siffleur, est à part, quelque part entre le weird et l'horrifique (en tout cas de mon point de vue de néophyte).

Comme le titre du recueil l'indique, toutes les histoires reposent sur la rencontre d'un ou de plusieurs être humains avec un objet ou un être extraterrestre.
Et, chose étonnante pour un recueil, le niveau est plutôt constant : c'est simple et efficace, propre. Alors même que je peux élever quelques critiques ou reproches à la majorité des nouvelles : les fins un poil prévisibles de La Maternelle et de Le Cylindre dans le bosquet de bouleaux, l'anecdotique Le Bidule ou les conclusions trop ésotériques pour moi de Un Van Gogh de l'ère spatiale et de La Photographie de Marathon.
[Nota : on peut donc facilement en déduire mes trois nouvelles préférées : Le Voisin, La Fin des maux et la multi-primée, à raison, La Grotte des cerfs qui dansent, sublime.]

Malgré ça, j'ai passé un bon moment dans toutes mes lectures et je sors content de ce recueil, réconcilié avec Clifford D. Simak. Si vous tombez dessus, vous pouvez y aller !

jeudi 3 mai 2018

Bulles de feu #5 - Julio Popper : le dernier roi de Terre de Feu

Julio Popper : le dernier roi de Terre de Feu, Matz et Léonard Chemineau, 2015, 90 planches.

Connaissez-vous Julio Popper ? Non ? Alors cette BD est parfaite pour découvrir ce personnage "bigger than life", ingénieur et aventurier infatigable avide de nouvelles découvertes et de nouveaux territoires. Un homme qui n'aurait surement pas paru crédible s'il avait été inventé par un auteur... et dont la vie est toute une histoire, jusqu'à la fin.

Bien que présentant rapidement son parcours, Matz se concentre surtout sur la période la plus marquante de Julio Popper : la recherche d'or en Terre de Feu et la quasi-création d'un nouvel état. Il en profite pour réhabiliter le personnage, souvent associé au massacre des indigènes de Terre de Feu. Le parti-pris est indéniable mais compréhensible.

Il y a presque un sentiment de trop peu quand on referme le livre, mais c'est surtout la vie - ou plutôt la mort - qui en aura décidée ainsi. Il n'en reste pas moins une très bonne BD qui met en lumière un personnage méconnu. Et qui le fait d'une manière bien plus intéressante, à mon sens, que la majorité des BD historiques génériques... Sans oublier, évidemment, le beau dessin, style "peinture", de Léonard Chemineau.