vendredi 6 novembre 2015

Bulles de feu #1 - Les Quatre de Baker Street (1-6)

 Les Quatre de Baker Street, 6 tomes (série en cours)
Scénario de Jean-Blaise Djian et Olivier Legrand, Dessin de David Etien

Personnages de l'ombre, et de toujours, des aventures de Sherlock Holmes - l'original, celui de Conan Doyle - les Irréguliers de Baker Street, aussi nommés les Francs-tireurs de Baker Street, sont un groupe de gamins des rues qui aident le fameux détective dans des petites tâches : filatures, collectes d'informations, surveillances, ... Ces petites mains, bien qu'invisibles aux yeux de tous, sont plus qu'utiles au grand Sherlock et sont une aide précieuse.

Partant de là, Djian, Legrand et Etien en ont fait les personnages principaux de leur série Les Quatre de Baker Street. L'occasion pour les francs-tireurs d'être enfin sur le devant de la scène.

C'est une double histoire que conte cette série. D'abord les aventures de ce groupe, désormais réduit, d'irréguliers. Trois gamins débrouillards qui vont résoudre quelques affaires et tenter de survivre au sein des bas-fonds de Londres, en ayant l'espoir d'une vie meilleure et en dépassant les affres de leurs passés respectifs. Malgré l'âge des protagonistes, rien d'enfantin dans l'histoire, les héros vivant dans un monde d'adultes et n'ayant pas vraiment le luxe d'être des enfants.

En filigrane de leurs aventures, le grand Sherlock mène l'enquête et utilise de temps en temps ses jeunes amis. Un aspect qui va grandissant au fil des tomes, les aventures des deux parties finissant par ne faire plus qu'un. C'est l'occasion de vivre ou revivre, d'un point de vue plus extérieur que celui du docteur Watson, toutes les principales étapes de la vie d'Holmes.

Les Quatre de Baker Street est une très bonne série. Elle mêle astucieusement la "petite" histoire de ces enfants et la grande histoire de Sherlock Holmes. Les personnages sont intelligents et attachants. L'histoire est dynamique et possède une alternance bienvenue entre action et calme. Surtout, le dessin et les couleurs sont superbes. Un excellent mélange qui donne le sourire, sans fausse note tout au long des 6 tomes parus actuellement, tous d'un niveau égal. Une série fortement recommandable, et ce pour tous les publics.

lundi 2 novembre 2015

Francis Berthelot - La Symphonie inaccessible

La Symphonie inaccessible, Francis Berthelot, 2006, 21 pages (pdf).

La nouvelle gratuite du mois de novembre offerte par Le Bélial' est La Symphonie inaccessible, une nouvelle de Francis Berthelot, à télécharger ici, à l'occasion de la sortie ce mois-ci du premier volume de l'intégrale du Rêve du Démiurge.

Sur son lit de mort, un compositeur refait le film de sa vie, à travers les siècles, et de sa recherche de l'oeuvre qu'il n'a jamais réussi à composer mais dont il a tout de même trouvé le titre : la symphonie inaccessible.

Une nouvelle musicale donc, qui résonnera à vos oreilles tout autant par son thème que par la douce écriture de Francis Berthelot. "Doux" est vraiment le terme qui convient le mieux à l'ensemble de ce récit. Une nouvelle simple, fluide et dotée d'une belle conclusion. Un bon moment.


Cinquième lecture francophone pour le Challenge Francofou

mercredi 28 octobre 2015

René Barjavel - La Faim du tigre

La Faim du tigre, René Barjavel, 1966, 215 pages.

La Faim du tigre n'est pas un roman. C'est un essai sur la condition humaine. Son titre est extrait d'une citation de Charles-Louis Philippe, citation qui donne bien le ton et la thématique de l'essai de Barjavel :
« La faim du tigre est comme la faim de l'agneau. C'est la faim naturelle et implacable, mais douloureuse, de vivre. C'est cet appétit insatiable de provoquer ou d'endurer l'atrocité au quotidien, pour perdurer, toujours, ce sinistre théâtre où s'illustrent souffrances, crimes, terreur et esclavage, auxquels seule la Mort peut mettre fin. La Faim du tigre, c'est enfin et surtout la recherche rageuse de la raison pour laquelle, dans un cynisme sordide, ce sont la grâce, la beauté, l'innocence et l'amour, qui ont été choisis pour rythmer cette tragédie. »
Pas de récit politique ici mais un monologue sur les raisons de la vie humaine et sur son apparition, avec comme point d'orgue la recherche du "Créateur" et la redéfinition du terme "Dieu" à une entité primaire non galvaudée par les religions. C'est purement philosophique et métaphysique, et c'est pourtant facile d'accès et grand public grâce à un style très imagé et limpide, accompagné de nombreux exemples et phrases qui font mouche.

De par l'objectif initial du livre et pour quelques idées, je ne peux pas dire que j'ai apprécié ma lecture et que je la recommande. Pour autant, ça reste agréable à lire dans sa grande majorité, il y a de l'intelligence et de belles démonstrations dans un phrasé percutant. Barjavel se fait plaisir et ça se ressent. Un livre bien particulier, étonnant et détonant.
« Coupez en deux un petit ver flamaire, sa tête va reconstituer une queue, et sa queue une tête, et vous aurez deux vers. Essayez d'en faire autant avec un caniche... »

CITRIQ

mercredi 21 octobre 2015

Ken Liu - La Ménagerie de papier

La Ménagerie de papier, Ken Liu, 2004-2014, 424 pages.

19 nouvelles, pour la très grande majorité inédite en France, d'un auteur qui apparait comme incontournable dans le domaine au vu des diverses critiques élogieuses s'y rapportant. Notons que deux nouvelles ont déjà été "chroniquées" par ici : L'Erreur d'un seul bit et Faits pour être ensemble. Pas de baffes à l'époque. Pas de baffes aujourd'hui.

Peut-être faut-il y voir l'expression d'une attente trop importante. Le fameux "tout le monde trouve ça génial, du coup je vais prendre une claque, et en fait euh...". Je ne crois pas, notamment parce que le format de la nouvelle permet de continuellement remettre les choses en perspective. Et donc non, je n'ai eu aucun "coup de coeur" au sein de ce recueil, pas même la nouvelle éponyme, La Ménagerie de papier, pourtant auréolée de tout ce qui peut s'auréoler.

Mais ne restons pas fixé sur l'aspect "négatif" et ayons une vision plus positive : ce recueil est bon. Au fil des 19 nouvelles, Ken Liu varie les genres et les thématiques, même si le cerveau, le langage et d'une manière générale le rapport à l'autre (notamment dans sa version extraterrestre) sont bien souvent sur le devant de la scène. Il est plaisant de ne pas avoir l'impression de relire sans cesse une même idée, d'avoir vraiment la sensation de changer d'histoire à chaque nouveau récit. Il n'y a qu'une seule constante : la bonne plume de Ken Liu, à l'écriture fluide et agréable.

Je ne rentrerai pas dans le fastidieux détail des 19 nouvelles. En relisant la liste, je n'en vois pas une à faire particulièrement ressortir, la qualité est globalement constante. Étonnamment, la seule que je pourrai avoir envie de souligner serait Le Livre chez diverses espèces, une "nouvelle" très particulière, à l'inventivité folle.

Pas de coup de coeur, pas de sentiment exceptionnel. Mais La Ménagerie de papier reste un bon recueil, une bonne découverte de l'éclectisme de Ken Liu et un bon moment à passer. Juste bon. Mais n'est-ce pas déjà tout ce qu'on demande à un livre ?


Troisième participation pour le CRAAA

CITRIQ

lundi 12 octobre 2015

John Lang - Chaos sous la montagne

Chaos sous la montagne, John Lang, Tome 4/4 ou 5/5 du "Donjon de Naheulbeuk", 2014, 379 pages.

La fin de l'aventure (ou des aventures) de la compagnie des Fiers de Hache ! Après deux premières saisons audio (regroupées sous le roman À l'aventure, compagnons !) et trois romans (La Couette de l'oubli, L'Orbe de Xaraz et Le Conseil de Suak), Chaos sous la montagne vient clore l'épopée romanesque du Donjon de Naheulbeuk, une oeuvre devenu multi-surfaces, même si la Terre de Fangh réserve encore bien des surprises.

On retrouve notre troupe d'aventuriers quelques jours après la fin des évènements du Conseil de Suak et l'histoire se poursuit logiquement, même si l'ambiance est un peu particulière. Le fait que l'histoire se déroule pendant la guerre et que les héros soient au sein d'une masse plus importante y est surement pour quelque chose, tant on est habitué à les suivre de manière "intimiste" et à les voir évoluer "juste" ensemble. Cette minime séparation entraîne moins de dialogues et plus d'actions, perdant un peu du charme de la série et créant un petit coup de moins bien.

Pas d'inquiétude pour autant, le cours normal des choses reprend assez vite et on peut de nouveau savourer les saillies verbales de nos protagonistes et suivre avec joie les seconds rôles en arrière-plan, dans des parties souvent plus mordantes que le récit principal. Il n'y a ici pas de hasard : si l'on a apprécié la série jusque là, on aimera ce dernier tome. Peut-être pas pour la force de sa narration ni pour le style extraordinaire de John Lang. Mais bien pour le simple plaisir de voir évoluer cette bande que l'on suit depuis des années et d'entendre leurs répliques assassines en imaginant les voix de la saga mp3 d'origine. Un plaisir de fan déjà conquis qui n'en demande pas plus et sait à quoi s'attendre.

Quatrième lecture francophone pour le Challenge Francofou

CITRIQ

vendredi 9 octobre 2015

Chloé Chevalier - Véridienne

Véridienne, Chloé Chevalier, Tome 1/? des Récits du Demi-Loup, 2015, 376 pages.

Le royaume du Demi-Loup, composé des deux régions de Véridienne et des Éponas, repose sur une coutume particulière : chaque enfant royal se voit doté d'un Suivant, un enfant du même sexe né un jour après lui, qui devient son ombre, ne fait qu'un avec lui et doit le pousser dans le droit chemin. Le royaume en est-il pour autant paisible et florissant ?

Véridienne suit le destin de toute la royauté du Demi-Loup, et plus particulièrement des princesses Malvane et Calvina, à travers les yeux de leurs Suivantes Cathelle, Nersès et Lufhilde. Un récit polyphonique qui mélange les points de vue et les types de narration, alternant journaux, lettres, compte-rendus, ... Pourtant, si la variation est agréable et donne des angles de compréhension différents, on pourra reprocher un style trop uniforme et froid : on ne sent pas évoluer les personnages grâce à leurs narrations, seulement par le regard porté sur eux par les autres narrateurs.

Malgré cela, les personnages et leurs évolutions sont bien le coeur du récit et sa force principale. Même si elles apparaissent par moment un peu tête à claques et trop égocentrées, les héroïnes restent de forts caractères et donnent étonnamment envie de les suivre. Un mécanisme, à une moindre échelle, qu'on pourrait définir comme fiztchevalierien, en l'honneur de l'emblématique personnage de Robin Hobb.

Véridienne est une très bonne surprise. Il bénéficie de personnages forts dans un univers qui donne envie d'être exploré, dévoilant peu à peu une profondeur et de fortes possibilités. Surtout, il n'est pas un simple tome d'introduction où les pions se mettraient en place. Ici, les pions sont déjà bien en mouvement, il se passe des choses et on ne sait pas où cela nous emmènera. Une raison supplémentaire de vouloir en lire plus et de retourner dans ce royaume du Demi-Loup. Et quand l'envie de revenir à un univers est présent, c'est souvent bon signe.

Troisième lecture francophone pour le Challenge Francofou

CITRIQ

mardi 6 octobre 2015

Fabien Cerutti - L'Ombre du pouvoir

L'Ombre du pouvoir, Fabien Cerutti, Tome 1/? du Bâtard de Kosigan, 2014, 352 pages.

En 1339, Pierre Cordwain de Kosigan, dit « Le Bâtard de Kosigan », est le chef d’une troupe de mercenaires. Aidant les plus hautes sphères du pouvoir à comploter, il a aujourd’hui envie d’utiliser ses talents de comploteur pour un bénéficiaire bien particulier : lui-même.

Le Bâtard de Kosigan fait partie de ses personnages d’assassins/voleurs qui sont éminemment sympathiques malgré le côté moralement mauvais de leurs actions. On aime ou pas le genre ; si on l’apprécie, Le Bâtard de Kosigan est absolument à lire puisqu’il offre une manipulation de haute qualité.

L’histoire du Bâtard est vive et rythmée. Et pour cause : un second fil narratif, en 1899, permet d’alterner les scènes et sert de transition parfaite pour rester dans le vif du sujet. Mieux, il apporte une histoire tout aussi intéressante, une raison au récit à la première personne et un mystère encore plus important.

Mais n’allez pas croire que tout cela n’est qu’un enchaînement d’actions sans profondeur. Car du fond, il s’en crée petit à petit, notamment par la découverte de ce monde à la croisée de l’histoire de France et de la fantasy. Un cadre fort sympathique et surtout un mélange qui fonctionne à merveille, les touches de fantasy s’intégrant tout naturellement dans cette ambiance historique.

Le Bâtard de Kosigan est un « mauvais garçon » très attachant et surtout un excellent roman qui peut en grande partie se suffire à lui-même mais aura tout de même une forte tendance à donner envie de lire la suite, pour découvrir quelques réponses supplémentaires. Avec joie !


Deuxième lecture francophone pour le Challenge Francofou

CITRIQ

samedi 3 octobre 2015

Jean-Pierre Andrevon - Salut, Wolinski !

 Salut, Wolinski !, Jean-Pierre Andrevon, 1975, 23 pages (pdf).

La nouvelle gratuite du mois d'octobre offerte par Le Bélial' est Salut, Wolinski !, une nouvelle de Jean-Pierre Andrevon, à télécharger ici. Une nouvelle à l'origine du roman Le Travail du Furet, dont une réédition vient de paraitre chez ActuSF.

Dans Salut, Wolinski !, le lecteur suit la journée du narrateur dans sa tête. Il pourra ainsi profiter de monologues de plusieurs pages sur ses activités diurnes : tuer des gens.

En soi, Salut, Wolinski ! est une nouvelle très étrange et surtout inutile, qui n'apporte rien et n'est pas plaisante à lire. La postface permet d'en apprendre un peu plus sur les raisons de ce récit : symbole d'une époque où la liberté était totale et où la parole était libre, ainsi qu'hommage à Wolinski. Oui, soit. Mais bon, on ne passe pas pour autant un bon moment.


Première lecture francophone pour le Challenge Francofou

mercredi 30 septembre 2015

Arthur C. Clarke - Les Enfants d'Icare

Les Enfants d'Icare, Arthur C. Clarke, 1953, 253 pages.

En pleine Guerre Froide, la course aux étoiles fait rage. Alors que les États-Unis et la Russie sont tous les deux sur le point de faire décoller leurs fusées, un évènement bouleverse complètement la donne : des vaisseaux extraterrestres abordent la Terre.

Par nécessité de pouvoir parler quelque peu de l'histoire, j'évoque ce retournement de situation qui arrive après quelques pages. L'effet est excellent. Et si on ne l'a pas lu sur la quatrième de couverture ou dans une chronique auparavant, ou si on a la chance de l'avoir oublié comme ce fut mon cas, il est encore plus excellent. Et si au lieu de partir à la conquête des étoiles, les étoiles elles-mêmes venaient nous apporter leurs lumières ? En renversant la donnée initiale, Arthur C. Clarke parvient à créer une sorte de planet-opera terrestre, où l'on redécouvre, sur une période de temps assez longue, notre planète Terre et ses évolutions.

Les Enfants d'Icare est un très bon roman. Il allie à la fois un côté mystérieux, et une recherche de réponses qui tient en haleine le lecteur, à un environnement plaisant. Pas (ou peu) de luttes et de conflits ici, l'histoire s'avère presque paisible et reposante. Un premier trait de caractère inhabituel et fort agréable.

Le second, c'est son aura de grande science-fiction, celle qui apporte quelque chose, qui voit plus loin et différemment. J'ai été il y a peu scotché par La Création a prix huit jours de Robert Heinlein. Bien que le traitement diffère sensiblement, leurs idées générales peuvent se rapprocher, tout comme les sensations qui s'en dégagent. C'est fascinant et l'on se sent tout petit une fois la dernière page tournée. Mais pas de tristesse ou de gêne pour autant. Le sentiment d'inéluctabilité et la douce mélancolie qui en découle ne sombrent jamais dans le pathos. Tout est juste dit, simplement dit, bien dit. Cela suffit. Et fait ce de roman, un grand roman.

CITRIQ

dimanche 27 septembre 2015

Robin Hobb - La Fille de l'assassin

La Fille de l'assassin, Robin Hobb, Tome 7b/9 du cycle de L'Assassin royal, 2014, 385 pages.

Suite des nouvelles aventures de FitzChevalerie avec, grâce au découpage de Pygmalion, la deuxième partie du premier tome VO. Où l’on découvre donc ce qui suit après un évènement important pour notre héros, évènement spoilé par le titre du roman. Tant qu’à parler de spoil, ne lisez pour aucune raison la quatrième de couverture qui est une honte du genre. Merci Pygmalion.

Il est difficile de rentrer dans les premières pages de La Fille de l’Assassin. Ce n’est pas étonnant quand on considère qu’il s’agit en fait d’un milieu de roman, Robin Hobb n’en est donc absolument pas responsable. Il faut retrouver ses repères dans un texte qui n’est pas fait pour cela. Cela donne une note moins positive à un début qui doit pourtant être très bon si sa lecture est enchaînée après Le Fou et l’Assassin.

Le rythme et le plaisir reviennent assez vite. Cela devient de plus en plus prenant et l’on replonge avec ferveur dans la vie de Fitz. Malgré mon appréhension, la double narration s’avère parfaitement efficace, les fils se combinent de manière très cinématographique et l’on apprend à aimer et détester ce deuxième narrateur – par moment tout autant tête à claques qu’a pu l’être Fitz.

La Fille de l’Assassin qui monte en puissance continuellement. Le milieu du roman voit une scène mémorable se dérouler – une scène qui a bien failli attenter à ma vie – et pourtant la suite parvient à rester de haute volée et à poursuivre son chemin jusqu’à une fin en forme de petit cliffhanger énorme d’intensité et qui ne donne qu’une envie : lire la suite. À coup sûr, malgré l’appréhension qu’on aurait pu avoir là aussi, le retour de Robin Hobb vers son héros principal est un retour très réussi.

CITRIQ

jeudi 24 septembre 2015

Feux Divers #10 - Fin de l'été et fin de challenges

Le 23 septembre est une date cruciale pour la blogosphère : ce n'est pas un, mais bien deux challenges qui arrivent à leurs termes !
L'occasion de faire un petit bilan de mes participations à ces deux évènements, ainsi que de fêter l'arrivée d'un petit nouveau qui répond au cri du corbeau.

Summer Star Wars épisode III

Le Summer Star Wars Épisode III était organisé par Lhisbei et M. Lhisbei du 21 juin au 23 septembre. Il consistait toujours à chroniquer des oeuvres de space-opera ou de planet-opera.

Après un poussif décollage, la navette est parvenue à prendre de l'altitude pour terminer à hauteur de 6 participations spatiales :

- La Danse des étoiles de Spider & Jeanne Robinson
- La Stratégie Ender d'Orson Scott Card
- Kirinyaga de Mike Resnick
- Le Livre des rêves de Jack Vance
- Solaris de Stanislas Lem
- Jackpots de Robert A. Heinlein

Merci Lhisbei pour cette nouvelle plongée estivale dans l'espace !


Summer Short Stories of SFFF

Le Summer Short Stories of SFFF était organisé par Xapur du 21 juin au 23 septembre. Le S4F3, de son petit nom, consistait en la lecture de romans ou recueils de nouvelles SFFF de moins de 350 pages.

L'avantage d'un challenge de lectures courtes, c'est qu'il est plus facile d'enchaîner, même si j'aurais pu encore en lire davantage. Ainsi, je compte 12 lectures à mon actif, pour une très grande majorité de bons moments, merci Xapur !

- Les Fusils d'Avalon de Roger Zelazny
- Le Signe de la licorne de Roger Zelazny
- Les Âmes envolées de Nicolas Le Breton
- Le Voyageur imprudent de René Barjavel
- La République des enragés de Xavier Bruce
- La Musique du silence de Patrick Rothfuss
- La Main d'Oberon de Roger Zelazny
- Les Cours du chaos de Roger Zelazny
- Les Groseilles de novembre d'Andrus Kivirähk
- L'Océan au bout du chemin de Neil Gaiman
- Solaris de Stanislas Lem
- Jackpots de Robert A. Heinlein


Challenge Recueils And Anthologies Addict

Le CRAAA est organisé par Cornwall du 15 juillet 2015 au 15 juillet 2016. Il consiste en la lecture de recueils de nouvelles ou d'anthologies ou de fix-up. Comme son nom l'indique.
Je ne suis pas spécialement un "addict" du genre, mais comme j'aurais certainement dans l'année quelques lectures qui rentreront dans le sujet, il n'y avait pas de raison de ne pas me lancer pour le palier le plus faible : 2 lectures.

Et justement, 2 lectures c'est déjà mon nombre de participations, dont une d'ailleurs gagnée grâce au CRAAA (merci Cornwall !) :

- Kirinyaga de Mike Resnick
- Jackpots de Robert A. Heinlein



Retour vers le Futur

Le challenge Retour vers le Futur est organisé par Lune jusqu'au 21 octobre 2015. Évidemment, le voyage dans le temps est à l'honneur !

Petit à petit, je progresse, à hauteur d'une nouvelle participation par bilan. Malheureusement, le challenge ne durera pas 4 ans et je ne vois pas comment je pourrais terminer les 12 lectures annoncées :

- Les Lumineuses de Lauren Beukes
- Black-Out de Connie Willis
- La Patrouille du temps de Poul Anderson
- Le Voyageur imprudent de René Barjavel

dimanche 20 septembre 2015

Robert A. Heinlein - Jackpots

Jackpots, Robert A. Heinlein, 1941-1953, 234 pages.

Un pilote obligé de se lancer dans un dangereux voyage dans l’espace. Un homme cherchant à contrôler l’arme nucléaire. Une apparition extraordinaire sur la Terre. Une année particulièrement folle. Tout ça, c’est dans Jackpots.

Jackpots est un recueil de 4 nouvelles de Robert Heinlein, dont une inédite. Et quelle inédite ! « La Création a pris huit jours » est une nouvelle superbe, malgré sa tristesse et son inexorabilité, qui traite de la rencontre extraterrestre à un niveau bien différent des habitudes. Bien que datant de 1942, le récit est parfaitement actuel, ne sent absolument pas la poussière – c’est d’ailleurs le cas de l’ensemble des textes présents ici - et est un bel apport à la science-fiction.

Si cette nouvelle nécessite à elle seule la lecture de ce recueil, les autres nouvelles ne sont pas en reste et sont toutes bonnes. « Sous le poids des responsabilités » est un récit très humain sur le destin d’un pilote de vaisseau. « Solution non satisfaisante », écrite en 1941, traite par anticipation de l’arme nucléaire, de ses conséquences et de son contrôle : un récit fortement politisé. Enfin, « Une année faste » est une amusante digression sur les prédictions, les statistiques, les cycles, mais tourne à autre chose qu’une simple farce.

Jackpots est un très bon recueil où l’on retrouve toutes les qualités de Robert Heinlein, une écriture simple et dynamique en tête, dans des sujets quelque peu différents de ses romans. Avec en plus un très bon travail des éditions ActuSF, notamment avec une courte introduction très intéressante à chaque nouvelle, avez-vous vraiment encore une raison de ne pas lire ce recueil ?


Sixième escale pour le Summer Star Wars

Douzième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

Deuxième participation pour le CRAAA

jeudi 17 septembre 2015

Stanislas Lem - Solaris

Solaris, Stanislas Lam, 1961, 250 pages.

Solaris est une planète très particulière et un mystère pour les scientifiques depuis des dizaines d’années. En orbite autour de deux soleils, elle n’en reste pas moins stable. Inhabitée, elle est pourtant recouverte d’un océan qui pourrait être intelligent. C’est dans ces conditions que le docteur Kelvin arrive dans la station scientifique qui étudie Solaris.

Solaris est un livre étrange. En premier lieu pour son démarrage, qui semble parfaitement improbable avec ce scientifique qui arrive dans une station presque désertée sans être préalablement au courant et la découverte de ce qui sera le cadre d’un quasi-huis clos, le tout in media res.

Pourtant, il se dégage rapidement une ambiance à la Doctor Who, par ce décor fermé avec peu de personnages rapidement caractérisés mais surtout par cet esprit de mystère surnaturel scientifique qui ne demande qu’à être exploré et résolu.

Mais le Docteur n’arrive jamais. Malheureusement. À la place on trouve plutôt de longues descriptions scientifiques. Le travail sur cette planète nouvelle est fascinant mais cela s’avère tout de même bien trop aride et long pour garder la pleine attention du lecteur. D’autant plus que l’histoire en elle-même, pourtant suffisamment accrocheuse dans ses moments actifs, ne mène presque nulle part.

Malgré quelques forces – un très grand sens de la création notamment - et bons passages, Solaris ne s’avère pas un livre marquant ni même vraiment recommandable, l’histoire semblant pouvoir se résumer en 5 lignes. À la différence du docteur Kelvin, vous voilà avertis.


Cinquième escale pour le Summer Star Wars

Onzième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

lundi 14 septembre 2015

Jack Vance - Le Livre des rêves

Le Livre des rêves, Jack Vance, 1981, Tome 5/5 de La Geste des Princes-Démons, 376 pages.

Après Le Prince des étoiles, La Machine à tuer, Le Palais de l'amour et Le Visage du démon, Le Livre des rêves est le cinquième et dernier tome de la Geste des Princes-Démons. Cette fois-ci, c'est avec Howard Alan Treesong que Kirth Gersen conclut sa quête de vengeance.

Pour son ultime aventure avec le personnage de Kirth Gersen, Jack Vance a tout changé. Ou absolument pas. Et c’est tout à fait plaisant ainsi. On sait où l’on va, on sait ce que le livre renferme, et pourtant ça fonctionne parfaitement, les aventures s’avérant suffisamment prenantes et nouvelles pour ne pas devenir rébarbatives.

Il n’y a rien de bien nouveau à dire concernant ce tome-ci. C’est un récit mouvementé, une très bonne aventure qui sent bon les étoiles et le voyage, avec un héros façon James Bond qu’on apprécie suivre. Particularité ici, la présence un peu plus importante de l’Institut, qu’on avait déjà aperçu jusque-là. Mais une présence encore trop minime pour tous les mystères qu’on aimerait y découvrir.

La fin est à l’image de la série. Rapide, brusque, elle ne s’encombre d’aucune futilité ni de rien qui ne fasse pas partie intégrante de la vengeance du héros. Le but est atteint, point final, rien de plus. L’essentiel, rien que l’essentiel. C’est tellement dans l’esprit de la série que ça n’en est presque pas choquant, cela définit parfaitement cette œuvre.

Dans son ensemble, La Geste des Princes-Démons est une très bonne série, pour peu que l’on sache ce qu’on y cherche : de l’action/aventure pure, divertissante et dépaysante. Une belle réussite dans le genre.


Quatrième escale pour le Summer Star Wars

vendredi 11 septembre 2015

Christopher Priest - La Tête et la Main

La Tête et la Main, Christopher Priest, 1971, 25 pages (pdf).

La nouvelle gratuite du mois de septembre offerte par Le Bélial' est La Tête et la Main, une nouvelle de Christopher Priest, à télécharger ici, à l'occasion de la sortie d'un recueil de nouvelles de l'auteur, L'Été de l'infini.

Handicapé, Todd est aidé dans sa vie de tous les jours par Edward et aimé par Elisabeth. Artiste convalescent depuis plusieurs années, il va revenir sur scène pour une nouvelle représentation.

La Tête et la Main est un récit étrange, dans un style qui évoque tout à fait Christopher Priest même s’il est bien plus simple que ses romans. Plus qu’étrange, il est dérangeant. Traitant de la surenchère de l’industrie du spectacle et du voyeurisme de ses spectateurs, il plonge le lecteur dans cette position de voyeur. Au risque de le mettre fortement mal à l’aise devant la violence du spectacle.

Même si le but est louable et que le texte est efficace, il n’en reste pas moins un sentiment désagréable à la fois pendant la lecture et une fois celle-ci achevée. Une nouvelle qui oscillera donc entre le bon et le mitigé selon le ressenti du lecteur.

mardi 8 septembre 2015

Mike Resnick - Kirinyaga

Kirinyaga, Mike Resnick, 1998/2008, 407 pages.

Kirinyaga, c'est le nom que donnent les Kikuyus, ethnie kényane, au mont Kenya. C'est aussi le nom de la planète utopie créée par Koriba en 2123, pour recréer un monde uniquement peuplé par les Kikuyus, loin de l'influence néfaste de la civilisation européenne qui les a assimilés sur la Terre.

Kirinyaga souffre peut-être de sa carrière et de sa réputation : de l’œuvre la plus récompensée de l’histoire, un fait répété plusieurs fois au début et à la fin du livre, on s’attend à découvrir quelque chose d’extraordinaire qui bouleversera notre vie de lecteur de SF. À ce niveau, on peut continuer d’attendre.

Cela démarre pourtant très bien. Mike Resnick oriente son récit vers l’Afrique, son inspiration de toujours, pour proposer une œuvre dépaysante, au carrefour de la tradition kényane, de la conquête spatiale et de la notion d’utopie. L’idée est bonne, le déroulé lui aussi pour sa majeure partie et l’utilisation des fables est excellente. Mais…

Mais Kirinyaga est un fix-up de nouvelles. Si les courts récits affichent une certaine progression d’ensemble, ils n’en restent pas moins répétitifs dans leur forme et deviennent de simples petites aventures, avec peu de surprises, sur le thème : comment le sage va-t-il sauver son utopie cette fois-ci ? À ce titre, certaines histoires sont logiquement plus ou moins bonnes et plus ou moins réussies, perdant une partie de la cohésion de l’œuvre en tant qu’ensemble.

Mais le problème principal est ailleurs. Le destin de Kirinyaga en tant qu’utopie, son déclin et sa chute, est rapidement inéluctable, le lecteur le sait. Il est triste, voire désespérant, de voir ce vieux sage lutter contre son peuple et de le sentir perdre peu à peu du terrain, en restant fixer sur ses positions et en n’évoluant pas. Il est encore plus triste de voir le roman prendre le même chemin, n’évoluant pas lui non plus, n’apportant aucune nouveauté, aucune réflexion supplémentaire à ce que le lecteur a vite compris. Mike Resnick s’enferme dans un schéma et y enferme avec lui ses personnages et ses lecteurs.

C’est encore plus flagrant à la lecture de Kilimandjaro, la nouvelle qui suit Kirinyaga. Elle ne fait pas partie de l’œuvre initiale mais trouve parfaitement sa place ici puisqu’elle traite d’une autre tentative d’utopie kenyane. Et le chemin est parfaitement différent. Le traitement et le déroulé sont peut-être plus habituels mais ils apportent bien plus de chaleur et d’idées que le fix-up. Surtout, Kilimandjaro semble apporter bien plus de réflexions et de recherches sur la notion d’utopie que ne le fait Kirinyaga, avec pourtant bien moins de pages.

C’est du coup sur une bonne note que se tournent les dernières pages. Les précédentes n’auront pas été mauvaises, loin de là, Kirinyaga restant une sympathique lecture, mais elles semblent loin du chef-d’œuvre annoncé. Une légère déception de ce point de vue, pour malgré tout un bon moment à passer dans cette science-fiction africanisée.


Première participation pour le CRAAA

Troisième escale pour le Summer Star Wars

mercredi 19 août 2015

Orson Scott Card - La Stratégie Ender

La Stratégie Ender, Orson Scott Card, 1985, 383 pages.

Andrew Wiggins, dit Ender, est le Troisième enfant de sa famille. Surdoué, monitoré depuis toujours, il représente le dernier espoir de l'humanité face aux doryphores, l'envahisseur extraterrestre. Il est envoyé dans une école orbitale, basé sur les jeux, pour apprendre à devenir un grand commandant.

Sur le papier, La Stratégie Ender est un roman de sf militariste tout ce qu'il y a de plus classique. Un jeune héros intelligent qui doit sauver l'humanité après avoir passé un paquet d'épreuves, c'est presque habituel. Et pourtant, il apparaît au fil des pages être bien plus que ça : c'est un grand roman.

Si l'utilisation du jeu en tant que péripéties principales peut déjà être satisfaisante en soi, elle n'est qu'un des multiples éléments qui rendent l'intrigue prenante. Le principal étant surement Ender, héros empathique, parfaitement adulte, humain, malgré son âge, qui donne envie de le suivre et de le voir réussir.

Mais le rythme de l'intrigue ne fait pas tout et, alors qu'il aurait pu juste être un bon roman de science-fiction, La Stratégie Ender ne cesse de s'améliorer et s'avère bien plus profond que prévu, ajoutant de la qualité à la qualité. Cerise sur le gâteau, même s'il comporte des suites, il peut se lire indépendamment et ne nécessite pas impérativement de lire les tomes suivants. Aucune excuse de ne pas rattraper ce classique si ce n'est pas encore fait.


Deuxième escale pour le Summer Star Wars

dimanche 16 août 2015

Spider & Jeanne Robinson - La Danse des étoiles

 La Danse des étoiles, Jeanne & Spider Robinson, 1977, 363 pages.

Shara Drummond est une danseuse de talent. Son seul problème est sa taille et ses formes, l'empêchant de se fondre au sein d'un groupe et de faire carrière sur Terre. Mais si ce n'est pas possible sur Terre, peut-être est-ce possible dans l'espace ?

La Danse des étoiles est un roman dont le point de départ, et le fil rouge, est la danse. Sujet peu commun, surtout pour un livre de science-fiction, et qui devient pourtant ici éminemment intéressant. Le fait que Jeanne Robinson fut danseuse et chorégraphe n'est pas innocent à cela, et l'on ressent dès le premier chapitre la passion pour cet art qui se dégage au fil des phrases.

Mais La Danse des étoiles parvient dans le même temps à être un vrai roman de science-fiction aux idées très intéressantes. Surtout, il parvient à évoluer au fil des trois parties qui le composent et le rythment. On ne tombe jamais dans l'ennui ou la routine, la nouveauté est toujours présente.

Dynamique et novateur, La Danse des étoiles parvient à combiner un aspect poétique fort et touchant à un sense of wonder de qualité. Le tout offre un excellent roman qui parvient à la fois à rester dans les codes du genre tout en apportant une vraie touche de fraîcheur et de différence.


Première escale pour le Summer Star Wars

jeudi 13 août 2015

Neil Gaiman - L'Océan au bout du chemin

L’Océan au bout du chemin, Neil Gaiman, 2013, 310 pages.

De retour dans le village de sa jeunesse pour un enterrement, un homme va retrouver le lieu de son enfance. L’occasion, au détour d’un plan d’eau, de se remémorer les événements de l’année de ses 7 ans…

L’Océan au bout du chemin est typiquement gaimanien. On y retrouve tout ce qui fait le plaisir de ses romans : des personnages qui prennent vie en peu de mots et une douceur dans les mots malgré des scènes parfois « violentes » dans l’action.

Roman sur l’enfance, mais pas que, L’Océan au bout du chemin n’est absolument pas enfantin. Le ton n’est ni bête ni naïf. Bien au contraire, c’est intelligent et sensé, et cela apporte une note supplémentaire de réalisme et d’empathie. Une empathie qui ira croissante au fil des pages, de la même manière que le roman se fait de plus en plus touchant.

Je m’attendais à une lecture un peu floue, abstraite, quasi-philosophique. J’ai été agréablement surpris. Si la réflexion et le fantastique sont bien là, le récit reste parfaitement concret et clair, et surtout très palpable, augmentant là aussi le lien qui se crée avec le narrateur.

Gaiman fait ce qu’il sait faire et il le fait bien, très bien. Avec son écriture caractéristique, il offre un roman touchant qui monte crescendo en intensité, tant dans l’action que dans l’émotion. Un beau moment à passer. Et qui sait, peut-être finirez-vous aussi pour découvrir un océan au bout du chemin…

« Personne ressemble vraiment à ce qu’il est réellement à l’intérieur. Ni toi. Ni moi. Les gens sont beaucoup plus compliqués que ça. C’est vrai pour tout le monde. »


Dixième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

lundi 10 août 2015

Andrus Kivirähk - Les Groseilles de novembre

Les Groseilles de novembre, Andrus Kivirähk, 2000, 266 pages.

Sous la coupe d’un seigneur vivant dans son manoir, un village estonien n’en fait qu’à sa tête. Le vol est le sport national et les anciennes croyances sont toujours bien présentes malgré l’évangélisation : le Diable et autres créatures rôdent dans les parages, prêts à ajouter de la zizanie à la zizanie.

Comme dans L’Homme qui savait la langue des serpents, Andrus Kivirähk base son roman sur l’histoire estonienne et ses traditions. Le Moyen-Âge tardif du pays est une nouvelle fois le cadre du récit, l’occasion de prendre une légère leçon d’Histoire. Légère, car cela tourne bien rapidement à la comédie, et l’on en apprendra bien plus sur le folklore ancestral que sur l’Histoire en elle-même.

Les Groseilles de Novembre est un roman très étrange. Sans intrigue réelle, il suit simplement la vie de tout un village en alternant les différentes aventures de ses habitants. Et des aventures, il y en a à la pelle !

Pour autant, pas de grand bazar dans le déroulé du récit. Andrus Kivirähk parvient très habilement à livrer un panorama complet et clair de son univers, dans lequel le lecteur se sent parfaitement à l’aise. On se sent rapidement membre à part entière de ce village et l’on suit avec joie ses péripéties quotidiennes.

Mais l’atout majeur de ce roman, c’est son ton. Bizarre et surprenant au départ, il devient rapidement très amusant par son côté loufoque et parfaitement incroyable. Bien que n’étant pas seulement une comédie, cela reste l’ambiance principale du récit et en fait une lecture fort plaisante.

Sympathique et prenante lecture, Les Groseilles de Novembre est surement, en comparaison de L’Homme qui savait la langue des serpents, une porte d’entrée plus simple à l’univers d’Andrus Kivirähk, un auteur qui est définitivement à suivre dans ses prochaines parutions françaises tant son style à quelque chose d’unique et de différent.


Neuvième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

samedi 1 août 2015

Roger Zelazny - Les Cours du chaos

Les Cours du chaos, Roger Zelazny, Tome 5/10 du cycle des Princes d’Ambre, 1978, 224 pages.

Après Les Neuf princes d'Ambre, Les Fusils d'Avalon, Le Signe de la licorne et La Main d'Oberon, Les Cours du chaos est le cinquième tome du cycle des Princes d’Ambre. C’est surtout la fin du sous-cycle de Corwin et la conclusion des quatre romans précédents.

Alors que tout était en place, alors que « La Main d’Obéron » avait apporté son lot de nouveautés à détailler et utiliser, Les Cours du chaos ne prend absolument pas la route prévisible. Pas de retournements de situation en série, pas de poker menteur à quadruple anticipations, pas de complot avec triple machination, pas de folle guerre et de fiers combats.

L’action a bien lieu. Mais le lecteur ne la voit pas, il ne fait que l’imaginer en arrière-plan et en rattraper le dénouement au dernier moment. Car la caméra est braquée sur Corwin, et Corwin est seul dans un périple quasi-psychédélique pour la majeure partie du roman.

Les Cours du chaos est un tome étonnant, et la différence avec l’attente du lecteur et avec les tomes précédents peut facilement en faire un tome moins apprécié. Et pourtant, il possède d’autres forces qui lui font garder toute sa qualité. Avec en premier lieu le talent de conteur de Roger Zelazny, qui se permet de revenir plus concrètement à ses influences et thèmes favoris.

Et si ce roman est longtemps étrange et moins dans l’abondance, la dernière partie revient à une formule bien plus connue et offre une très bonne conclusion qui récupérera même l’enthousiasme des plus dubitatifs. Une conclusion à la hauteur de cet excellent cycle de Corwin. Un cycle assurément à conseiller et une œuvre qui mérite bien sa réputation et ses éloges.


Huitième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF